Kiff No Beat est un groupe de rap ivoirien originaire d’Abidjan, formé en 2009. Composé de cinq membres (Didi B, Black K, Elow’n, Joochar et El Jay), ce collectif a su apporter un souffle nouveau au hip-hop ivoirien en mélangeant rap, R&B, reggae et dancehall dans un style éclectique baptisé “Dirty Décalé”. Considéré comme un groupe pionnier, Kiff No Beat a véritablement révolutionné le rap en Côte d’Ivoire et même en Afrique, s’imposant rapidement comme le leader du mouvement rap ivoire afrique-sur7.fr. Découvrez leur parcours complet, de la formation du groupe à leur ascension, en passant par leur style musical unique, leur discographie, leur séparation et projets solo, ainsi que leur héritage culturel durable dans la musique africaine.
Formation du groupe
Kiff No Beat naît en 2009 de la fusion de deux groupes rivaux de hip-hop abidjanais, les KNB (Kiff No Beat original) et les Jekboys. Le groupe réunit alors Gnahoré Okou Camille (alias Black K), N’wolé Brice (alias Elow’n) et Bassa Zéréhoué Diyilem (alias Didi B) d’un côté, et de l’autre Kouakou Jonathan (alias Joochar) et Konan Franck Guy (alias El Jay) provenant des Jekboys. À peine âgés d’une vingtaine d’années, ces cinq amis partagent la même passion pour le rap et comprennent vite que s’unir en un seul groupe les rendrait plus forts. Dès leurs premières sessions ensemble en studio, la chimie opère et Kiff No Beat voit le jour, prêt à bousculer la scène musicale ivoirienne.
Au départ, le rap était en retrait en Côte d’Ivoire, dominé par le coupé-décalé. Kiff No Beat arrive donc au bon moment pour relancer le hip-hop ivoirien abcdrduson.com. Le nom du groupe traduit leur volonté de « kiffer » (profiter à fond) sur le beat, reflétant l’attitude désinvolte et festive qu’ils insufflent à leur musique. Inspirés notamment par des collectifs comme Sexion d’Assaut, ils adoptent un format de groupe élargi où chacun des cinq membres a un rôle bien défini. Très vite, Kiff No Beat commence à se produire dans des sound systems et petits concerts de quartier à Abidjan, se forgeant une réputation locale grâce à leur énergie scénique et leur alchimie de groupe. Cette formation solide pose les bases de leur ascension fulgurante.
Ascension
L’ascension de Kiff No Beat démarre véritablement en 2010 lorsqu’ils participent au concours national de rap Faya Flow. Malgré la forte concurrence, le groupe remporte brillamment ce télé-crochet, ce qui les révèle au grand public ivoirien afrique-sur7.fr. Avec le prix Faya Flow 2010 en poche, les cinq rappeurs investissent leurs gains pour enregistrer un premier projet ambitieux. Ils font appel au producteur Shadocris, figure incontournable du rap ivoirien, et enregistrent 16 titres qui composeront leur premier album intitulé « Cadeau de Noël ». Sorti fin 2011, Cadeau de Noël est un album autoproduit dont le titre fait référence à la crise politique de 2010 ayant privé les Ivoiriens de fêtes de Noël. Ce premier opus vaut à Kiff No Beat le trophée de Révélation de l’année 2010 aux Awards de la musique ivoirienne universalmusic.fr, consacrant leur entrée fracassante sur la scène musicale.
Pour entretenir la dynamique, le groupe reste prolifique. En septembre 2012, Kiff No Beat sort la mixtape « Jackson Five », un projet hip-hop de plus de 20 titres qui fait patienter les fans tout en élargissant leur audience. S’ensuit une tournée nationale à travers la Côte d’Ivoire, au cours de laquelle le groupe enflamme les salles et festivals locaux. Leur travail acharné est récompensé par le titre de Meilleur groupe de rap aux Awards de la musique ivoirienne deux années de suite. En 2014, Kiff No Beat franchit un nouveau palier avec la sortie de l’album « Pétards d’ados » sous le label Da Carmen Prod universalmusic.fr. Porté par des tubes devenus emblématiques tels que « Tu es dans le pain » et « Samusement », cet album connaît un succès retentissant – le clip de « Samusement » dépasse même le million de vues sur YouTube, fait rare pour l’époque.
Fort de cette popularité grandissante, Kiff No Beat s’exporte au-delà des frontières ivoiriennes. Le groupe entame des tournées en Afrique (Sénégal, Gabon, Cameroun…) mais aussi se produit aux États-Unis et en Europe, où sa réputation commence à attirer l’attention de la diaspora et des médias spécialisés. En mars 2017, fort de plus de 8 ans de carrière, Kiff No Beat signe chez Universal Music Africa, une première pour un groupe ivoirien à l’époque. Cette signature avec une major internationale s’accompagne de la sortie du single à succès « Pourquoi tu DAB » sous le label Universal. Deux ans plus tard, le groupe livre l’album « Bledard Is The New Fresh » (2019), son premier album en major, qui inclut « Pourquoi tu DAB » ainsi que des collaborations de prestige avec des artistes tels que Dadju, Sofiane ou Kaaris. Des morceaux comme « Yaka Dormir » ou « Yahh » tirés de cet album deviennent à leur tour des hits qui renforcent l’aura internationale de Kiff No Beat. Après près d’une décennie d’activité, le groupe s’est imposé comme un incontournable du rap africain, alliant succès commerciaux et crédibilité artistique.
(Voir aussi la biographie de Didi B le parcours du leader du groupe.)
Style musical
Le style musical de Kiff No Beat est aussi riche qu’original, ce qui a contribué à leur succès. Dès ses débuts, le groupe se démarque par un mélange des genres peu commun dans le rap ivoirien. Leurs morceaux combinent du rap pur et dur avec des sonorités trap, des mélodies R&B, des rythmes reggae/dancehall et même des influences coupé-décalé (le style musical ivoirien dominant des années 2000). Cette fusion éclectique, qu’ils qualifient eux-mêmes de « dirty-décalé », crée un son unique immédiatement identifiable. Sur scène, Kiff No Beat n’hésite pas à ajouter des chorégraphies urbaines spectaculaires, renforçant l’impact de leurs performances et témoignant de l’influence d’artistes comme Michael Jackson ou des groupes de pop-urbain dans leur approche du show.
Par ailleurs, le groupe rappe et chante fréquemment en nouchi, l’argot ivoirien, ce qui apporte une couleur locale et une authenticité appréciée du public. Les cinq membres occupent chacun un rôle musical distinct au sein de la formation, ce qui contribue à la richesse de leur palette sonore. Black K, Elow’n et Didi B sont principalement les rappeurs aux flows percutants, El Jay apporte une touche chantée plus douce (influences RnB, afro-pop), tandis que Joochar enrichit certains titres de son timbre reggae/ragga et de refrains dancehall okayafrica.com. Cette complémentarité permet à Kiff No Beat d’aborder des registres variés tout en gardant une cohésion de groupe. Leur musique alterne entre morceaux festifs taillés pour faire danser (ex: « Shooto », « Ça gâte cœur ») et titres plus “rap-rap” aux paroles tranchantes (ex: « Tu es dans le pain », qui signifie “tu es dans les problèmes” en argot). Ce savant dosage entre divertissement et authenticité rap a séduit un large public, des jeunes aux plus âgés. Kiff No Beat a ainsi réussi à populariser le rap en Côte d’Ivoire en le rendant dansant, accessible et local sans jamais renier l’essence du hip-hop.
Discographie
Au fil de sa carrière, Kiff No Beat a produit une discographie riche, composée d’albums studio, de mixtapes et de nombreux singles. Voici les principales sorties du groupe :
- 2011 – Cadeau de Noël (album studio auto-produit) – Premier album financé grâce au concours Faya Flow.
- 2012 – Jackson Five (mixtape) – Plus de 20 titres hip-hop pour marquer leur évolution.
- 2014 – Pétards d’ados (album studio) – Contient les hits « Tu es dans le pain » et « Samusement » qui accroissent leur notoriété.
- 2015 – Cubisme (mixtape) – Projet trap/rap confirmant leur diversité musicale, sorti après le succès de Pétards d’ados.
- 2017 – Made In Bled (EP/mixtape 7 titres) – Comprend une collaboration remarquée avec l’artiste malien Sidiki Diabaté. (Également en 2017 sort la compilation “Treize” regroupant 13 titres marquants de leur parcours.)
- 2019 – Bledard Is The New Fresh (album studio) – Premier album sous Universal Music Africa, avec des featurings internationaux (Dadju, Kaaris…) et les singles « Pourquoi tu Dab », « Yaka Dormir », « La Go », etc..
En parallèle de ces projets majeurs, Kiff No Beat a sorti de nombreux singles à succès au fil des ans (« Pause », « Gor La Montagne », « Approchez-Regardez » en featuring avec DJ Arafat, « Tu es où », « Cimade », etc.), maintenant une présence constante dans les charts ivoiriens. Leur capacité à produire des hits tout en explorant de nouveaux styles a fait d’eux un groupe prolifique et toujours attendu par les fans.
Séparation et projets solo
Malgré leur réussite collective, les membres de Kiff No Beat ont progressivement entamé des projets solo à partir de 2019, alimentant les rumeurs d’une éventuelle séparation du groupe. En novembre 2019, Didi B sort le single « Assinie » en solo, marquant le début de cette tendance. Quelques mois plus tard, Elow’n lui emboîte le pas avec « Y’a pas cours », tandis que El Jay propose également un titre solo (« Le péché »). Ces sorties individuelles, suivies de nouvelles productions solo de Didi B et Elow’n en 2020, laissent penser à une dislocation du quintette. Toutefois, les membres ont tenu à rassurer leurs fans sur la situation : ils expliquent être dans une phase de « carrières solo » mais sans annoncer officiellement la fin du groupe.
« Nous sommes en train de faire des projets solos… Mais cela ne veut pas dire qu’il faut s’attendre à une dislocation du groupe. Le groupe Kiff No Beat, ce n’est pas la prison », déclare Didi B pour expliquer que chacun a besoin d’exprimer sa créativité individuellement tout en gardant l’esprit collectif. Elow’n ajoute que depuis la création de Kiff No Beat, il y a toujours eu des morceaux solos dans leurs albums, et que le groupe reste actif en parallèle de leurs parcours personnels – la preuve étant qu’en 2020 ils ont encore enregistré deux chansons ensemble. En effet, malgré la focalisation sur leurs solos, les cinq artistes se retrouvent occasionnellement pour des projets communs. Kiff No Beat a par exemple sorti le single « The World Needs a Doctor » en pleine période de confinement en 2020, puis « Papa de ça » en 2021, réunissant tous les membres en studio.
À ce jour, chacun des membres poursuit sa route : Didi B a connu un succès fulgurant en solo (album “History” en 2022, plusieurs millions de vues sur ses clips et récompenses aux Hip-Hop Ivoire Awards 2022), Elow’n et Black K ont également sorti des projets individuels remarqués, tandis que Joochar et El Jay explorent leurs propres styles dans leurs singles. Si la séparation officielle du groupe n’a jamais été prononcée clairement, Kiff No Beat fonctionne de facto en pause collective depuis la fin des années 2010, chacun se consacrant à sa carrière solo. Les fans gardent toutefois l’espoir d’un éventuel retour ou au moins des collaborations périodiques entre les membres, tant l’alchimie du groupe demeure spéciale.
Héritage culturel
L’héritage culturel laissé par Kiff No Beat est considérable sur la scène musicale ivoirienne et africaine. En l’espace d’une décennie, le groupe a contribué à populariser le rap ivoire à un niveau inédit, dans un pays où le coupé-décalé dominait le paysage. Kiff No Beat a relancé l’intérêt pour le rap en Côte d’Ivoire, inspirant toute une nouvelle génération de jeunes rappeurs locaux à suivre leurs traces. Grâce à eux, de nombreux artistes coupé-décalé ont même commencé à intégrer du rap dans leur musique, brouillant les frontières entre les genres et ouvrant la voie à une fusion hip-hop/afro-pop aujourd’hui répandue. Le collectif a ainsi influencé l’industrie musicale ivoirienne, en démontrant qu’on pouvait réussir en rappant en nouchi sur des beats modernes tout en restant fidèle à son identité africaine.
Sur le plan international, Kiff No Beat a fait rayonner la musique urbaine ivoirienne. Leurs tournées et collaborations ont montré que le rap d’Abidjan pouvait s’exporter et toucher un public au-delà des frontières. Ils ont joué un rôle d’ambassadeurs de la culture urbaine ivoirienne, se produisant sur des scènes prestigieuses à l’étranger et collaborant avec des artistes d’autres pays. Le groupe a également accumulé des récompenses locales (plusieurs Awards du meilleur groupe, tubes de l’année, etc.) et s’est hissé parmi les groupes les plus populaires d’Afrique de l’Ouest dans les années 2010.
En somme, l’histoire de Kiff No Beat est celle d’un collectif uni ayant marqué un tournant dans le rap francophone africain. Leur parcours – de jeunes rappeurs d’Abidjan partis de rien jusqu’à stars du continent – reste une source d’inspiration. Même si chaque membre écrit désormais sa propre trajectoire, l’empreinte culturelle de Kiff No Beat perdure. Leurs expressions devenues cultes, leurs danses, et leurs hits continuent de résonner dans les soirées afro-urbaines, et leur réussite ouvre la voie à d’autres talents ivoiriens sur la scène mondiale. Kiff No Beat a d’ores et déjà inscrit son nom dans l’histoire du rap ivoirien, en attendant peut-être de nouveaux chapitres à écrire, ensemble ou séparément.
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