Découvez la biographie de Dj Arafat

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Biographie de Lesky

Lesky

Lesky, de son vrai nom Dieudonné Daniel Gany, est un jeune rappeur ivoirien de 23 ans originaire de Yamoussoukro. Il s’est fait connaître par un style musical hybride mêlant rap ivoire et coupé-décalé, et s’impose aujourd’hui comme l’un des artistes les plus en vue de la scène urbaine en Côte d’Ivoire Surnommé le « sale gosse » de la musique ivoirienne pour son humour grinçant, ses paroles crues et son style hors normes, Lesky a réussi à dominer les classements nationaux tout en attirant des foules immenses à ses concerts, et ce malgré une couverture médiatique longtemps limitée. Retour sur le parcours fulgurant de cette étoile montante au parcours atypique.

Jeunesse et débuts dans la musique

Né à Yamoussoukro au début des années 2000, Lesky grandit entre ordinateurs, jeux vidéo et sons de coupé-décalé. Enfant d’un père informaticien, il baigne très tôt dans la musique grâce aux artistes comme DJ Arafat et Serge Beynaud, qu’il considérait comme ses idoles d’enfance linfoexpress.com. Durant son adolescence, il déménage à Abidjan (quartier d’Adjamé Chicane) où il fait ses études secondaires. Passionné et débrouillard, l’adolescent s’initie en autodidacte à la production musicale sur FL Studio afin de créer ses propres beats – son premier objectif étant de produire du pur coupé-décalé.

Au lycée cependant, son entourage est davantage branché rap français, écoutant PNL ou Booba et s’adonnant aux freestyles. Cette influence amicale le pousse à orienter sa production vers le rap : « comme les instrus de coupé-décalé, c’était très complexe, j’ai commencé à sortir des beats de rap », raconte-t-il. Progressivement, celui qui se fait appeler à l’époque Dani Solitaire (son premier pseudonyme d’artiste) se met à écrire ses propres textes et à les interpréter lui-même, en s’inspirant du langage et des anecdotes de son quotidien avec les amis. Les débuts sont difficiles« Au début, c’était nul » admet Lesky – au point qu’une fille de son quartier à qui il envoyait ses premiers morceaux n’hésitait pas à lui dire d’arrêter la musique tant elle n’y croyait pas.

Le déclic viral : premiers morceaux et buzz sur les réseaux

Malgré les doutes, Lesky persévère et continue de composer chez lui avec les moyens du bord. À l’époque, il s’enregistre seul à l’aide de son smartphone et d’écouteurs en guise de micro, puis partage ses maquettes audio avec son groupe de copains à Adjamé Chicane. Fin 2019, deux de ses titres autoproduits – « LPFOPC » (abréviation de « Les Pehi Filles Ont Pehi Cui ») et « Jeux de reins » – commencent à faire parler d’eux. Ces morceaux aux rythmes répétitifs, aux refrains entêtants et aux textes explicites s’accompagnent de petites vidéos amateurs tournées au smartphone. Contre toute attente, le charme opère : les clips font le tour des réseaux sociaux et deviennent viraux, dépassant le cercle d’Abidjan pour toucher un public beaucoup plus large.

« Quand tu regardes les vidéos, elles peuvent paraître ridicules au premier coup d’œil », se souvient Koffi Masta, producteur ivoirien. « Mais moi, j’ai vu un gars passionné, qui arrive à faire de la musique sans moyens… et ça ne ressemblait à rien de ce que je connaissais. »linfoexpress.com

Cette soudaine visibilité agit comme un véritable déclic dans la jeune carrière de Lesky. Une anecdote révélée plus tard veut qu’un inconnu ait même volé l’une de ses chansons pour en faire un clip vidéo ; ironie du sort, ce clip pirate reçoit des retours positifs du public, ce qui fait prendre conscience à Lesky de la valeur de sa musique. Porté par ce buzz inattendu, il attire l’attention de Koffi Masta (alias Koffi Monsta), producteur underground et ami du rappeur Widgunz. Séduit par le potentiel brut du jeune homme, Koffi Masta décide de le contacter. Début 2020, Lesky est pris sous l’aile du label indépendant L’Organisation, collectif innovant dirigé par Koffi Masta.

Sous l’aile de L’Organisation

Son intégration au label L’Organisation marque un tournant pour Lesky. Ce label alternatif, mené par Koffi Masta, regroupe une jeune garde du rap ivoirien. Le rappeur s’y retrouve aux côtés d’autres talents comme Widgunz ou LM, avec lesquels il partage le même esprit créatif et rebelleafricanmusiclibrary.org. Parallèlement à ses débuts professionnels, Lesky poursuit ses études et obtient un BTS de géomètre-topographe. « Je peux dire que je connais le terrain », s’amuse-t-il, voyant dans ce cursus surtout un moyen d’avoir du temps libre pour continuer la musique.

Au contact de Koffi Masta et de sa nouvelle équipe, Lesky peaufine son identité artistique. Il façonne le personnage d’un fêtard feignant (paresseux) à l’attitude décalée, dont les thèmes de prédilection sont volontiers en dessous de la ceinture (grivois). Il développe aussi des gimmicks qui deviendront sa marque de fabrique, à commencer par son fameux « Ouwô », un cri caractéristique intégré dans ses morceaux, ou encore l’utilisation assumée de l’Auto-Tune pour accentuer le timbre juvénile et nasillard de sa voix. Derrière l’image du trublion insolent, Koffi Masta décrit pourtant Lesky comme « un gros bosseur », capable de passer des nuits blanches dans son home studio d’Angré (Abidjan) à travailler ses instrumentaux. Il aurait d’ailleurs « des dizaines » de morceaux en réserve, fruits de ses sessions nocturnes sur FL Studio.

Mixtapes et premiers succès musicaux

Une fois lancé, Lesky ne ralentit pas la cadence. Entre 2021 et 2024, il enchaîne mixtapes, EP et clips afin d’occuper le terrain en permanence. Chaque nouvelle sortie élargit un peu plus son audience et affermit sa notoriété dans le rap game ivoirien. Parmi ses principaux projets figurent :

  • Le Vrai Cabri (2021) – sa première mixtape officielle. Cet opus collaboratif, réunissant plusieurs artistes franco-ivoiriens, reste classé numéro 1 des tops nationaux pendant plusieurs semaines après sa sortieafricanmusiclibrary.org, un exploit pour un artiste émergent.
  • Ouwô Boy (2022) – son premier album studio, qui propose 11 titres illustrant son style éclectique. On y retrouve notamment « Djinzin », un morceau coloré mêlant habilement rap pur et sonorités coupé-décalé, symbole de la dualité musicale de Leskyafricanmusiclibrary.org.
  • Le Sky is the limit (2023) – une mixtape sortie en 2023, dont le titre affiche son ambition sans limite. Lesky y affirme davantage sa créativité débridée et son identité propre.
  • Le Tchepô (2023) – un EP publié quelques mois plus tard la même année, qui continue d’explorer son univers décalé et amuse la fanbase avec des références locales.
  • Mr Ouwô (2024) – un projet paru en 2024, consolidant son personnage de « Mr Ouwô » autour de son gimmick fétiche. Cet opus préfigure son entrée dans la cour des grands, avec une production plus aboutie.

Parmi la pléiade de singles et de freestyles lâchés par Lesky, certains ont particulièrement marqué les esprits. C’est le cas de « Méchant, méchant de Cocody », un titre au refrain accrocheur devenu viral sur TikTok – les internautes se sont appropriés sa phrase « Demain, je m’en vais donner mon cui » dans de nombreuses vidéos. Sans aucune promotion traditionnelle, « Méchant, méchant de Cocody » dépasse le million d’écoutes sur la plateforme de streaming Boomplay en janvier 2023. Ces succès, obtenus grâce au bouche-à-oreille et à la viralité en ligne, illustrent la capacité de Lesky à toucher la jeunesse ivoirienne en dehors des canaux médiatiques classiques. En quelques années, le rappeur a bâti une fanbase solide en se connectant directement « dans les portables des jeunes » selon le mot de Koffi Masta.

Style musical et image artistique

Le phénomène Lesky s’explique en grande partie par son style musical et son image atypiques sur la scène ivoirienne. Linguistiquement, il s’approprie le nouchi, l’argot urbain d’Abidjan, et truffe ses textes d’expressions populaires crues. « Franchement, il me casse de rire », confie une fan, « Il utilise plein de gros mots en nouchi dans son rap, il n’arrête pas de parler de sexe ! ». Ce registre volontairement vulgaire et sans filtre donne à sa musique un ton provocateur, mais aussi une authenticité appréciée d’une partie du public. C’est ce qui lui vaut d’être qualifié de « sale gosse » de la musique ivoirienne – un enfant terrible dont l’insolence amuse autant qu’elle choque.

Musicalement, Lesky se démarque par un mélange des genres. Héritier du coupé-décalé par ses influences et sa rythmique dansante, il reste fondamentalement ancré dans le rap par son flow et ses textes egotrip. L’artiste n’hésite pas à innover : usage d’Auto-Tune pour donner une couleur singulière à sa voix juvénile, gimmicks vocaux répétés (« Ouwô ») qui deviennent des signatures auditives reprises en chœur par ses fans, etc. Son style est souvent qualifié de non conventionnel, très différent de celui des poids lourds du rap ivoire comme Himra ou Didi B. « Il a une place à part… Tout le monde n’aime pas, mais c’est devenu un rappeur respecté » analyse un observateur de la scène. Cette singularité, à la fois atout et défi, oblige Lesky à jongler entre esprit underground et attrait du grand public. À ce titre, ses morceaux récents tendent à être « légèrement moins subversifs » d’après certains critiques, preuve de son effort pour élargir son audience sans renier son ADN.

Collaborations et mentorat de Serge Beynaud

L’ascension de Lesky ne tarde pas à susciter l’intérêt de figures établies de l’industrie musicale ivoirienne. Après avoir collaboré avec des artistes de sa génération (on note un featuring remarqué avec le rappeur Widgunz, son compère de label), Lesky va bénéficier d’un coup de projecteur encore plus grand grâce à Serge Beynaud. Icône du coupé-décalé et producteur aguerri, Serge Beynaud repère Lesky sur internet et tombe sous le charme de sa musique originale. La connexion se fait naturellement : Beynaud lui exprime son soutien et propose de travailler ensemble.

En 2024, Lesky signe ainsi en co-production chez Star Factory Music, le label de Serge Beynaud, tout en conservant son attache à L’Organisation. Cette double affiliation (indé et mainstream) lui offre le meilleur des deux mondes. D’un côté, il garde la liberté créative et l’authenticité propres à L’Organisation. De l’autre, il profite de l’expérience et du réseau de Serge Beynaud pour toucher un public plus large et professionnaliser davantage son travail. « Le rappeur travaille depuis plusieurs mois avec le patron de Star Factory, Serge Beynaud, en plus de L’Organisation », rapporte Stéphane Dédi de Star Factory, preuve d’une synergie entre les deux structures autour de l’artiste.

L’objectif de ce mentorat est clair : faire passer un cap à la carrière de Lesky. Serge Beynaud l’épaule notamment dans la préparation de sa prochaine mixtape très attendue, pour l’instant intitulée Le Vrai Cabri 2, dont la sortie est prévue en 2025. En parallèle, Lesky multiplie les apparitions sur scène et dans les médias (plateaux TV, interviews radios), tandis que ses nouveaux clips bénéficient de moyens de production en hausse. Plusieurs de ses titres récents comme « Son Cui » ou « Placali » commencent même à tourner en radio et à la télévision ivoirienne. Ce passage sous les projecteurs mainstream est orchestré de près par son équipe, soucieuse de lisser son image sans lui faire perdre son authenticité. C’est là tout l’enjeu pour Lesky : gagner en popularité nationale tout en restant fidèle au style déjanté qui a fait son succès.

Concerts et exploits sur scène

En l’espace de quelques années, Lesky est passé des vidéos faites maison aux plus grandes scènes du pays. Sa capacité à mobiliser les foules s’est révélée très tôt. Avant même d’être appuyé par Star Factory, il avait déjà rempli des salles abidjanaises de taille moyenne, comme le Yelam’s (une salle de 1 500 places à Treichville) et l’esplanade du centre commercial Cosmos de Yopougon. Ces performances locales couronnées de succès ont solidifié sa réputation d’artiste à l’énergie communicative.

Le 8 février 2025 marque un tournant décisif : Lesky se produit ce jour-là en concert au mythique Palais de la Culture de Treichville, une salle en plein air d’environ 5 000 places, soit l’une des plus grandes scènes de Côte d’Ivoire. Cet événement, organisé main dans la main par Star Factory et L’Organisation, symbolise l’accession de Lesky au rang de véritable tête d’affiche du rap ivoirien. « L’idée, c’est de passer une étape » explique Stéphane Dédi (manager chez Star Factory) à propos de ce concert au Palais. En effet, après avoir conquis la rue et les réseaux sociaux, il s’agit pour Lesky d’affirmer sa place dans le game en relevant le défi d’une grande scène nationale.

Le pari est réussi : Lesky parvient à remplir le Palais de la Culture le 8 février, offrant un show mémorable à ses fans. Cette performance consacre son statut d’étoile montante de la nouvelle génération. À seulement 23 ans, celui qui il y a peu enregistrait ses sons dans sa chambre d’Adjamé se hisse au niveau des plus grands et montre qu’il faut désormais compter sur lui. Le rap ivoire tient en Lesky l’un de ses nouveaux visages les plus prometteurs, prêt à planer encore plus haut sans jamais « donner son cui » – en d’autres termes, sans jamais vendre son âme ni son authenticité.

Source : L’info Express, Interview, African Music RFI

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